Des millions de personnes dans le monde souffrent de graves plaies cutanées qui ne guérissent pas spontanément. La principale complication est la formation de tissu cicatriciel qui présente des propriétés fonctionnelles et mécaniques différentes du tissu physiologique normal, et qui est souvent cause de douleur ou de gêne chez les personnes concernées.
La plupart des pansements actuellement disponibles sont inefficaces du point de vue de la régénération sans tissu cicatriciel, et offrent une récupération insuffisante des annexes cutanées (follicules pileux et glandes sudoripares) cruciales aux fonctions biologiques de la peau.
L’équipe de Lin Wang, de l’université de sciences et technologie de Hubei, en Chine, a développé un nouveau type de pansement à base d’hydrogel à la séricine, une protéine de la soie, capable de soigner une plaie sans la formation de tissu cicatriciel. En extrayant la séricine des fibres de soie et en utilisant de la lumière UV pour réticuler la chaîne protéique à l’aide d’un photoinitiateur, ils ont obtenu un gel aux importantes propriétés d’adhésion cellulaire, d’une faible immunigénécité et aux propriétés mécaniques adaptables. Cet hydrogel opère en inhibant l’inflammation pendant le processus de cicatrisation, en favorisant la formation de nouveaux vaisseaux sanguins, en réduisant la formation de cicatrice par régulation des facteurs de croissance TGF-β et en recrutant des cellules souches sur le site de la lésion.
Selon Antonella Motta de l’Université de Trente, en Italie, experte en biomatériaux dérivés de la soie, la composition simple en acide aminé, plutôt similaire aux protéines de la matrice extracellulaire présente dans l’épiderme, confère à cette protéine une bioactivité intrinsèque.
En combinant des modèles animaux avec des techniques de culture cellulaire in vitro, l’équipe de Wang a démontré que les hydrogels peuvent empêcher aux bactéries de pénétrer dans la plaie, accélérant ainsi la guérison. Comparés aux thérapies actuellement disponibles, les hydrogels à la séricine peuvent empêcher la formation de cicatrice et favoriser la régénération des annexes dans les lésions cutanées au troisième degré. Wang estime que ce type d’hydrogel à la séricine pourra être optimisé jusqu’à devenir un substitut sûr et efficace de la peau artificielle pour usage clinique, et le succès de la transposition de ce nouveau substitut de la peau pourrait à l’avenir profiter aux millions de patients atteints de graves lésions cutanées.
Source : Chemistry World ; Silk route to scar-free skin, Becky Dey ; 29 Oct 2018. Photo Lin Wang.