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Un pansement bio-polymère à bas coûts pour soigner les plaies chroniques

Des dizaines de millions de patients dans le monde souffrent de plaies persistantes et potentiellement mortelles. Les produits pour traiter ces plaies chroniques, l’une des principales causes d’amputation, ont des coûts élevés, ce qui représente un obstacle à leur utilisation. Le Dr Morteza Mahmoudi, chercheur de l’Université d’état du Michigan, dirige actuellement une équipe internationale de scientifiques dans le but de développer un pansement biopolymère facile à utiliser et à bas coût, capable de favoriser la cicatrisation de ces plaies.

 

Lors d’un précédent projet, il avait interviewé des centaines de personnels de santé à travers les USA, leur demandant ce qu’ils recherchaient dans un pansement. Après qu’un médecin lui ait déclaré qu’une présence excessive de produits sur le marché était une garantie de leur inefficacité, il a décidé de développer un pansement capable de résoudre tous les problèmes auxquels les médecins étaient confrontés.

 

Afin de développer cette nouvelle technologie, Mahmoudi a puisé dans des années d’expérience et d’expertise en étudiant des matériaux d’avant-garde pour soigner le tissu cardiaque, lutter contre les infections et renforcer le système immunitaire. Son équipe, composée de plus de 20 chercheurs, a toutefois gardé un œil sur les coûts et travaillé au développement d’un produit qui puisse être mis à disposition du plus grand nombre possible de patients, même pour les systèmes sanitaires ayant des ressources limitées. On estime à plus de 45 millions les patients dans le monde présentant des plaies chroniques en phase avancée (c’est-à-dire qui ne répondent pas aux thérapies traditionnelles), ce qui en fait l’un des besoins sanitaires les plus pressants et urgents au monde. 5 % d’entre eux vivent aux États-Unis, cependant plus de 90 % des ventes de technologies « actives » pour le soin des plaies ont lieu aux USA. Cela signifie essentiellement que le reste du monde n’y a pas accès.

 

Les ulcères de jambe et les escarres associés à l’immobilité chez les patients âgés et paralysés sont également une des principales causes de plaies chroniques, mais le meilleur exemple de ce type de lésions est probablement l’ulcère du pied dû au diabète. Il y a dans le monde plus de 400 millions de personnes atteintes de diabète et des études ont estimé que près d’un quart d’entre elles développeront un ulcère du pied au cours de leur vie. Même en présence du niveau élevé de soins aux États-Unis, pour plus de 30 % des patients diabétiques souffrant d’ulcère du pied, l’espérance de vie ne dépassera pas les cinq ans. (Pour référence, ce pourcentage est supérieur à celui des cancers du sein, de la prostate et du colon.) Les patients atteints de diabète peuvent être sujets à une réduction du flux sanguin et autres facteurs qui ralentissent la réponse immunitaire, compromettant ainsi la capacité de l’organisme à guérir la plaie. Ils peuvent également souffrir de dommages aux nerfs qui entraînent une réduction de la sensation de douleur, retardant ainsi chez le patient la nécessité de consulter. Lorsque les plaies cicatrisent plus lentement et restent ouvertes plus longtemps, les bactéries ont plus de chances de provoquer des infections et de conduire à de graves complications. De ce fait, les plaies chroniques sont pour les médecins une des pathologies les plus compliquées à traiter. Le pansement idéal doit résoudre tous ces problèmes et doit également être facile à utiliser, pratique et bon marché.

 

De nombreuses technologies sont disponibles en soutien à la cicatrisation des plaies chroniques, mais celles capables de stimuler la régénération tissulaire sont généralement dérivées de tissus naturels prélevés, procédé complexe et coûteux (plus de 1 000 $, ce qui les place hors de portée de nombreux patients et systèmes de santé).

 

Mahmoudi a conçu un produit fabriqué à partir de biopolymères facilement disponibles, ce qui permet de contenir les coûts de production, et l’équipe a pu de ce fait ajouter divers autres matériaux pour améliorer son pouvoir cicatrisant. Il s’agit tout d’abord d’une structure flexible en nanofibres de polymères naturels, dont le collagène, une protéine structurale présente dans la peau et dans le cartilage. La structure fournit un échafaudage tri-dimensionnel qui favorise la migration cellulaire et le développement de nouveaux vaisseaux sanguins, reproduisant essentiellement la fonction de la matrice extracellulaire, le système naturel de soutien présent dans les tissus vivants sains. Pour que la cicatrisation puisse avoir lieu, il est important que les propriétés physiques et mécaniques du pansement se rapprochent le plus possible de celles de la peau.

 

À cette structure, ils ont incorporé des protéines, des peptides et des nanoparticules qui stimulent la croissance de nouvelles cellules et vaisseaux sanguins, mais qui luttent également contre les bactéries en encourageant le système immunitaire du patient à agir. Le pansement se dégrade dans le temps, ce qui signifie que personne ne devra le changer ni l’enlever, évitant ainsi d’aggraver la situation sur le site de la plaie. Il a conduit un mini projet pilote sur 13 patients atteints de plaies chroniques et a obtenu 100 % de guérisons. (Ces expériences sont documentées sur Nature Nanotechnology et Trends in Biotechnology). 

 

Selon sa récente publication du 19 juillet sur la revue Molecular Pharmaceutics, Mahmoudi est près du but. Il travaille avec des partenaires expérimentés au Royaume-Uni pour la commercialisation du pansement. Pour environ 20 $ pièce, Mahmoudi estime que même les systèmes de santé les moins riches pourront se permettre ces pansements, dès lors qu’ils seront approuvés par les autorités régulatrices. 

source wounds medical

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