Des scientifiques de la Queen’s University de Belfast ont inventé un petit capteur unique en son genre qui change de couleur lorsque la plaie d’un patient présente les signes précurseurs d’une infection. Ce senseur, de la taille d’un ongle, est non-invasif et n’entre pas en contact avec la plaie. Il peut s’adapter aux pansements existants et permet de détecter une infection sans retirer le pansement, geste qui retarderait le processus de cicatrisation et augmenterait les risques d’infection.
Le professeur Andrew Mills, de la faculté de chimie et de génie chimique de la Queen’s University, a dirigé ce projet dont les résultats ont été publiés dans Chemical Communications, journal de la Royal Society of Chemistry. Il a déclaré que cette recherche pourrait avoir un impact majeur sur le monde de la santé dans sa globalité.
Dans les pays développés, on estime à 1 ou 2 % les personnes qui présentent une plaie chronique au cours de leur vie, et 3,2 milliards de livres sterling sont dépensés chaque année au Royaume-Uni pour traiter ce problème. Or, ce capteur pourrait apporter des bénéfices hautement positifs pour les patients ainsi que pour les systèmes de soin dans le monde entier.
Habituellement, lorsqu’un patient présente une plaie, en particulier une plaie chronique, l’infirmier ou le médecin retire le pansement tous les deux ou trois jours afin de contrôler qu’il n’y ait pas d’infection. Ce geste n’est pas toujours nécessaire et procure de la douleur ainsi qu’un risque d’infection. Il pourrait être évité grâce à cet indicateur, ce qui ferait économiser du temps, de l’argent et bien des souffrances.
Voilà comment il fonctionne : lorsqu’une plaie présente un début d’infection, celle-ci est souvent accompagnée d’une soudaine augmentation des espèces microbiologiques aérobies qui, en se développant, émettent du dioxyde de carbone. Le capteur détecte cette augmentation en dioxyde de carbone et change de couleur, signalant l’infection à un stade très précoce, avant qu’elle ne progresse vers une colonisation chronique et persistante de la plaie par des microorganismes qui deviennent par la suite bien plus difficiles à traiter de façon efficace avec des antibiotiques. Cela signifie qu’elle peut être traitée rapidement, évitant au patient une douleur inutile et réduisant considérablement tout éventuel recours à l’hospitalisation. Le senseur permet au personnel médical de prendre des décisions informées sur la gestion de la plaie, y compris sur le fait d’administrer ou non des antibiotiques, l’utilisation inapproprié d’antibiotiques étant réputée pour être la cause de la résistance croissante aux antibiotiques. Ces senseurs ont donc un rôle crucial en indiquant si l’intervention est parvenue ou non à tuer les microorganismes à la base de l’infection.
La phase suivante de ce projet prévoie le développement d’une application permettant au patient d’être alerté en cas d’infection. Cette même information sera également transmise à l’infirmier ou au médecin afin d’établir un plan thérapeutique. L’équipe de chercheurs est actuellement en discussion avec le secteur et espère bientôt débuter les essais cliniques.