Il y a peu d’études sur cette technique « naturelle » de détersion ou de débridement, appelée asticothérapie ou encore larvothérapie ou « maggot therapy ». Pourtant, le recours à des larves spécifiques pour nettoyer la plaie, enlever les tissus morts peut être efficace, en particulier pour les plaies nécrosées ou fibrineuses, et encore plus efficace si les larves en question sécrètent des facteurs anti-microbiens. C’est ce que démontre le concept rapporté dans la revue BMC Biotechnology, par cette étude de l’Université de Caroline du Nord, qui teste des larves génétiquement modifiées pour produire un facteur de croissance humain qui accélère la cicatrisation.
L’application « d’asticots » sur les plaies qui ne cicatrisent pas, comme les ulcères du pied diabétique en particulier, est une pratique qui date des millénaires. Ce traitement, modernisé et aseptisé, est également aujourd’hui totalement approuvé. Cependant, s’il est reconnu que le recours à l’asticothérapie favorise le débridement des plaies nécrosées ou fibrineuses, aucune étude n’a encore démontré un effet sur la durée de cicatrisation.
Cette équipe s’est donc donnée pour objectif de développer une souche de larve de mouche (Lucilia sericata) modifiée pour sécréter un facteur de croissance humain qui va promouvoir la croissance cellulaire et la cicatrisation des plaies et pouvant également apporter cet effet de cicatrisation améliorée. Ils ont donc génétiquement modifié ces larves de manière à ce qu’elles produisent « PDGF-BB », un facteur de croissance plaquettaire humain, déjà documenté comme stimulant la croissance et la survie cellulaire. PDGF-BB stimule la prolifération et la survie cellulaire, favorise la cicatrisation des plaies, et a déjà été étudié en tant que traitement topique possible pour les plaies chroniques qui ne cicatrisent pas. Dans le cas présent, la modification génétique s’avère un succès : le facteur de croissance humain est bien détecté dans les larves modifiées.
Pourquoi recourir à l’asticothérapie alors qu’il est vrai que la méthode est l’objet de préjugés négatifs, autant de la part des patients que des professionnels de santé. Cependant, au sein d’autres cultures et dans les pays en développement, où le diabète sévit tout autant, l’accès aux dispositifs plus modernes et aux options de traitement plus coûteuses est limité. Dans ce cadre, une asticothérapie produisant à la fois des facteurs de croissance cellulaires et des peptides antimicrobiens peut répondre à un besoin considérable. Il existe ainsi un fort potentiel clinique avec cette nouvelle génération d’asticots dans le traitement des plaies difficiles.
Source: BMC Biotechnology March 22, 2016 DOI: 10.1186/s12896-016-0263-z Towards next generation maggot debridement therapy: transgenic Lucilia sericata larvae that produce and secrete a human growth factor
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