Quand on parle de risque d’escarres, les enfants nés prématurément et les personnes très âgées ont des caractéristiques communes : limitation des perceptions sensorielles, de la mobilité et de l’activité, nutrition potentiellement inadéquate et structure de soutien cutané (muscles, collagène et élastine) insuffisante.

Facteurs de risque

Problèmes liés à la sensibilité

Enfants prématurés et personnes âgées ne sont pas toujours capables de percevoir l’inconfort, de changer seuls de position ou de demander de l’aide. Cela augmente le temps d’exposition à la pression, déjà élevée ou prolongée. Si on ajoute à cela une mobilité limitée et un niveau d’activité réduit, il se crée une situation à risque sans intervention possible pour empêcher une pression prolongée.

Nutrition

Le statut nutritionnel des très jeunes enfants et des personnes âgées peut ne pas être approprié à cause d’une incapacité à s’alimenter, d’un système nutritionnel immature ou au contraire trop âgé et d’une totale dépendance aux autres en ce qui concerne l’alimentation. Ils peuvent être plus vulnérables aux déséquilibres des fluides et des électrolytes. Les enfants prématurés pourraient avoir besoin d’une gestion très précise des fluides et des calories ainsi qu’une introduction graduelle de l’alimentation par voie orale, alors que les personnes âgées pourraient manifester une diminution de l’appétit et, si elles présentent des altérations de l’activité ou de la mobilité, elles peuvent également subir une limitation fonctionnelle de l’accès à la nourriture.

Propriétés de la peau

Chez les très jeunes et les très âgés, la quantité réduite de tissu entre la peau et l’os peut contribuer à rendre la peau plus fragile car moins tolérante à la pression et au cisaillement. Chez les enfants nés avant terme, la peau est transparente, rouge et à l’aspect gélatineux. La couche cornée de la peau contient une quantité insuffisante de couches de cellules (de deux à trois couches de stratum corneum à 30 semaines de gestation et virtuellement aucun stratum corneum à 23 ou 24 semaines de gestation). La jonction entre le derme et le stratum basale de l’épiderme est immature et on trouve très peu de fibrilles dans ce stratum basale.

De façon similaire, chez les personnes très âgées, les changements de peau dus à l’âge induisent un amincissement des couches à la jonction dermo-épidermique, une perte d’élasticité des tissus et un amincissement du tissu sous-cutané. Ces problèmes présents chez les personnes âgées sont particulièrement notoires étant donné le vieillissement de la population et l’augmentation du nombre de personnes de plus de 80 ans.

Recommandations et défis

Des preuves à l’appui des bonnes pratiques pour la prévention et le traitement des escarres voient le jour et ce développement est encourageant. Nous avons la chance de disposer de nombreuses organisations de professionnels dans le monde qui établissent une ligne de conduite et des recommandations pour les soins, mais les preuves concernant les enfants prématurés et malades sont moindres par rapport à celles pour les personnes âgées. L’obtention de ces preuves peut représenter un réel défi car il s’agit d’une population vulnérable de patients incapables de signer un formulaire de consentement, et l’implémentation sur un site unique d’une étude de contrôles casuels pourrait s’avérer difficile, voire non éthique, et dans cette mesure, le potentiel d’une étude sur plusieurs sites qui permettrait l’obtention de preuves plus convaincantes est compromis.

Source : WoundSource; Extremes of Age and Skin Injuries; Ivy Razmus ; March 19th, 2019.