Les substituts cutanés ou dermes artificiels, sont des biomatériaux capables de remplacer une partie de la peau et constituent une alternative précieuse pour la gestion des plaies lorsque les thérapies standards sont un échec. Cependant, sélectionner le bon substitut n’est pas une décision thérapeutique aisée. Cette revue de la littérature permet d’y voir un peu plus clair.
Les xénogreffes ou greffes de peau d'une autre espèce sont pratiquées depuis des siècles, les allogreffes de peau humaine ont pour la première fois été documentées, dans le soin des plaies, au 16è siècle, les greffes autologues plus récemment. Enfin, les dernières recherches font progresser les techniques d’ensemencement de cellules épithéliales sur la plaie, pour favoriser l’épithélialisation.
Aujourd'hui, si les greffes autologues sont les greffes de première intention pour la couverture des plaies, elles se heurtent à l’écueil d’une disponibilité limité de peau, en particulier dans la prise en charge des grandes brûlures et les procédures restent invasives et douloureuses. Des allogreffes et des xénogreffes (peau de porc et de bœuf) peuvent pourvoir au remplacement temporaire de la peau, avant de laisser la place à une autogreffe. Subsiste évidemment les risques de rejet, douleurs et infection, et la formation de cicatrices.
La bio-ingénierie au secours des greffes de peau : de nombreux substituts cutanés biosynthétiques sont aujourd’hui disponibles. Ils sont constitués de cellules humaines vivantes ensemencées sur une matrice et nourries de protéines et des facteurs de croissance nécessaires pour mieux se développer et se multiplier dans le tissu souhaité. Ils sont utilisés pour traiter les plaies chroniques qui ne cicatrisent pas et pour les greffes de tissus mous chez les patients présentant des brûlures à épaisseur partielle (épaisseur partielle) ou des plaies chirurgicales, les ulcères du pied diabétique, les ulcères veineux, -et certaines autres maladies comme l'épidermolyse bulleuse.
Membrane amniotique et cordon ombilical : Les membranes amniotiques humaines sont utilisées depuis plus de 100 ans, pour le traitement de différentes plaies dont les brûlures, les escarres et les ulcères diabétiques ou veineux. Pour cause, elles possèdent des propriétés régénératrices uniques qui s’inspirent de la régénération fœtale et sans cicatrice (ex : Neox®, Amniox Medical). Greffés dans l'environnement de la plaie adulte, ces tissus placentaires modulent l'inflammation et favorisent la cicatrisation. Une étude de 2016 (3) sur 32 ulcères de pied diabétique avec une moyenne de 1,68 applications de Neox® permet d’aboutir à un taux de cicatrisation de 87,5%. Une autre étude de 2016 (2) révèle l’efficacité d’une allogreffe de membrane amniotique / cordon ombilical dans le traitement d'ulcères complexes du pied diabétique avec ostéomyélite. Ici, le taux de cicatrisation atteint de 79%. Ces résultats sont à comparer avec un taux de cicatrisation des ulcères du pied diabétique estimé aux alentours des 32% dans les 20 semaines suivant le traitement standard (débridement, pansement et gel topique) (7).
Choisir le bon substitut cutané :
les principaux critères d’efficacité retenus par les experts sont le nombre moyen d'applications nécessaires pour parvenir à la fermeture de la plaie, les taux et le délai de cicatrisation. Au-delà, les différents types de substituts présentent des avantages et des inconvénients :
Les substituts cutanés amniotiques déshydratés sont faciles à stocker et à utiliser, mais sont moins efficaces que les substituts cutanés amniotiques / cordons ombilicaux cryo-conservés, qui préservent mieux la structure et la signalisation biologique des tissus fœtaux et favorisent ainsi plus rapidement la revascularisation dans le lit de la plaie.
Certains substituts cutanés vont nécessiter plus de surveillance que d'autres, en particulier à des contraintes de stockage plus rigoureuses : c’est le cas des substituts cutanés biosynthétiques contenant des cellules vivantes. En particulier, ils doivent être « greffés » au patient dans les heures qui suivent l'arrivée du produit dans l’établissement. D’autres substituts de peau réfrigérés seront utilisables jusqu’à 2 ans.
Enfin, certains substituts nécessitent une préparation très stricte qui peut ne pas être conciliable avec l’urgence d’un soin de plaie ou tout simplement l’organisation d’un service. Les substituts qui peuvent être exposés à la température ambiante avant utilisation sont beaucoup plus pratiques.
Inconvénients des substituts cutanés
Plus coûteux que les pansements classiques : c’est le cas de la très grande majorité des substituts cutanés, un obstacle à leur utilisation auquel peut, comme pour les pansements, s’ajouter la question de la taille, du nombre d’application nécessaires et parfois du gaspillage.
Sources:
- World J Diabetes 2016 doi: 4239/wjd.v7.i7.153 Diabetic foot disease: from the evaluation of the “foot at risk” to the novel diabetic ulcer treatment modalities
- Wound Repair Regeneration 2016 doi: 10.1111/wrr.12456 A retrospective study of cryopreserved umbilical cord as an adjunctive therapy to promote the healing of chronic, complex foot ulcers with underlying osteomyelitis
- J Wound Care 2016 doi: 10.12968/jowc.2016.25.7.S10 A single-centre, retrospective study of cryopreserved umbilical cord/amniotic membrane tissue for the treatment of diabetic foot ulcers
- National Pressure Ulcer Advisory Panel 2016 NPUAP Pressure Injury Stages
- J Wound Care 2014 doi: 10.12968/jowc.2014.23.10.465 Comparison of cryopreserved amniotic membrane and umbilical cord tissue with dehydrated amniotic membrane/ chorion tissue
- J Clin Aesthet Dermatol. 2014 Skin substitutes: an overview of the key players in wound management
- Journal of Medicine and Life 2012 Surgical management of extensive burns treatment using allografts
- Indian J Plast Surg. 2010 doi: 10.4103/0970-0358.70712 Biologic and synthetic skin substitutes: an overview
- Hill-Rom. 2016 International Pressure Ulcer Prevalence (IPUP) Survey.
- Diabetes Care 2002 10.2337/diacare.25.10.1835 Diabetic neuropathic foot ulcers
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