Bien que la plupart des recherches sur le système endocannabinoïde se concentrent sur son implication dans le système nerveux central et le système immunitaire, au cours des 20 dernières années, une quantité non négligeable de recherche a démontré que ce système joue également un rôle dans le maintien de diverses fonctions importantes de la peau.
Fonctions du système endocannabinoïde :
Le système endocannabinoïde est composé de divers ligands endogènes, de leurs récepteurs et d’un appareil complexe d’enzymes et de transporteurs. Chacun des composants du système endocannabinoïde est impliqué dans la synthétisation, l’émission, le transport et/ou la dégradation de diverses molécules endocannabinoïdes à travers l’organisme. Les molécules ayant des fonctions « similaires aux cannabinoïdes » peuvent également être impliquées dans la voie métabolique du système endocannabinoïde.
En plus des cannabinoïdes endogènes présents naturellement dans notre organisme, il existe une seconde classe de cannabinoïdes connus sous le nom de phytocannabinoïdes. À ce jour, plus de 100 phytocannabinoïdes différents ont été identifiés dans le genre Cannabis, en particulier les principaux composants actifs du Tétrahydrocannabinol (THC) et du cannabidiol (CBD).
Les endocannabinoïdes et les phytocannabinoïdes ont des propriétés d’activation, d’opposition ou d’inhibition d’une ample variété de cibles cellulaires du corps humain.
Le système endocannabinoïde dans la peau :
Les endocannabinoïdes et les phytocannabinoïdes exercent divers effets biologiques sur l’homéostasie de la peau. De nombreux types de cellules cutanées, parmi lesquelles les kératinocytes épidermiques, les mélanocytes, les mastocytes, les fibroblastes, les sébocytes, les cellules des glandes sudoripares et certaines populations de follicules pileux, abritent différentes molécules et récepteurs d’endocannabinoïdes.
Les endocannabinoïdes et les problèmes de peau :
En plus des problèmes cutanés cités ci-dessous, la signalisation des endocannabinoïdes a également été associée à la dermatite atopique, le mélanome, la sclérodermie systémique, les processus de cicatrisation des plaies, les carcinomes cutanés et beaucoup d’autres encore.
Acné
L’un des effets secondaires les plus reconnus de l’abus de cannabinoïdes est l’acné, ce qui démontre clairement la capacité des phytocannabinoïdes de cette substance à provoquer un effet sur les glandes sébacées humaines présentes dans la peau.
CB1 et CB2, deux des principaux récepteurs sensibles aux endocannabinoïdes, se manifestent dans les glandes sébacées humaines. La découverte du récepteur CB2 dans ces glandes sébacées a conduit les chercheurs à révéler le rôle de ce récepteur dans le maintien de la lipogenèse sébacée homéostatique (la formation de graisses dans les glandes sébacées). Toute dysrégulation de la voie métabolique sébacée endogène, comme par exemple la surstimulation de ces récepteurs, peut donc favoriser le développement de la séborrhée et de l’acné.
Troubles de la pigmentation
Des expériences in vitro sur des mélanocytes humains primaires montrent que ces cellules présentent divers récepteurs des endocannabinoïdes dont les récepteurs CB1 et CB2, la cible endocannabinoïde, le récepteur GPR119 et le canal calcique sensible aux cannabinoïdes TRPV1.
Lorsqu’ils ont été exposés au CBD, les mélanocytes épidermiques humains ont présenté une augmentation de la mélanogenèse et de l’activité de la tyrosinase. La capacité d’activation de cette voie métabolique couplée au récepteur CB1 indique que ce type de traitement pourrait être utilisé afin de mieux comprendre les troubles chroniques de dépigmentation tels que le vitiligo.
La pathogenèse du psoriasis, trouble inflammatoire chronique de la peau, a été associée à des anomalies aussi bien génétiques qu’épigénétiques et à des changements dans le microbiote et le pH de la peau.
Comprendre les propriétés anti-prolifératives et anti-inflammatoires des divers endocannabinoïdes, tels que ceux impliqués dans les voies métaboliques des récepteurs CB1 et CB2 de la peau, a conduit à suggérer que le fait de cibler ces voies métaboliques pourrait faciliter le développement de traitements plus efficaces contre le psoriasis. En effet, la relation entre la dysrégulation des voies métaboliques des endocannabinoïdes et le développement du psoriasis a été démontrée à plusieurs reprises. Par exemple, des niveaux élevés d’anandamide dans le plasma, une augmentation des niveaux d’activité d’hydrolase d’amide des acides gras et de la lipase de monoacylglycérol dans les granulocytes ainsi qu’une régulation positive du récepteur GPR55 ont été associés à une implication potentielle dans la dysrégulation des endocannabinoïdes chez les patients atteints de psoriasis.
Source : News medical Life Sciences; The endocannabinoid system and skin conditions; May 7th 2019