Une équipe de scientifiques de l’Université d’Uppsala et de l’Université suédoise des sciences agricoles, dirigée par Mia Phillipson, professeure au Département de biologie cellulaire médicale de l’université d’Uppsala, Division de physiologie intégrative, a découvert que les bactéries lactiques peuvent être transformées en vecteurs producteurs de chimiokines humaines, capables de recréer biologiquement le microenvironnement de la plaie et d’en accélérer considérablement la cicatrisation.
Le traitement de plaies étendues et chroniques constitue un lourd fardeau économique pour le système sanitaire car il existe peu d’outils efficaces pour en accélérer la guérison. Le soin des plaies se limite au débridement mécanique, à l’usage de différents pansements et d’une quantité non indifférente d’antibiotiques pour prévenir ou traiter les infections.
Ce nouveau concept à usage topique pourrait apporter un profond changement dans ce domaine. Un traitement qui amorce promptement et accélère la cicatrisation aurait un impact significatif si l’on considère le vieillissement de la population, les maladies chroniques telles que le diabète et l’augmentation planétaire des résistances aux antibiotiques.
Les candidats-médicaments actuellement utilisés sont des médicaments biologiques traditionnels à base de protéines ; ils comportent des coûts élevés et certains essais ont été interrompus de façon prématurée.
Ce nouveau candidat-médicament est un produit médical biologique de nouvelle génération qui a donné des résultats extrêmement positifs sur les souris lors de la partie préclinique. La forte accélération du processus de guérison est due aux modifications du microenvironnement de la plaie qui conduit à des changements de comportement chez certaines cellules immunitaires spécifiques.
Les tests ont été conduits sur des souris saines ainsi que sur des souris atteintes de deux formes de diabète : un modèle d’ischémie périphérique et un modèle avec biopsies de peau humaine. Les différences étaient très nettes dans la composition des cellules immunitaires présentes dans les plaies et ces cellules produisaient des niveaux supérieurs de TGF-ß et de façon plus précoce.
Cette nouvelle technologie permettrait, à travers une administration continue, directement sur la surface de la plaie, de surréguler de façon endogène le niveau de la chimiokine CXCL12 dans les tissus endommagés pendant une période suffisante. La biodisponibilité du CXCL12 est également augmentée de façon synergique au sein de la plaie alors que l’acide lactique produit par les bactéries provoque une légère diminution du niveau de pH qui en empêche la dégradation. L’augmentation additionnelle entraîne l’implication d’autres cellules immunitaires qui se spécialisent ainsi dans la guérison de la plaie et en accélèrent le processus global.
Source : R&D Mag; Lactic Acid Bacteria Could be Key for Accelerated Wound Healing; June 2018; Kenny Walter