Le Dr Maggie Westby et ses collègues de l’École des sciences de la santé de l’Université de Manchester ont conduit une étude systématique Cochrane afin de déterminer si l’activité des protéases est un facteur pronostique indépendant dans la guérison des ulcères veineux de jambe. Cette analyse comprenait des études longitudinales prospectives et rétrospectives avec toutes les périodes de suivi, et recrutait des patients atteints d’ulcères veineux de jambe. Les auteurs ont enquêté pour découvrir si l’activité des protéases dans le liquide des plaies était associée à la guérison successive des ulcères veineux de jambe.
Onze études consistant de 13 groupes avec 522 participants, traitant 10 différentes métalloprotéinases matricielles (MMPs) et deux protéases à sérine (élastase des polynucléaires neutrophiles et les activateurs du plasminogène de type urokinase), ont fourni des données pour l’analyse finale. Deux études ont estimé une guérison complète, les autres une guérison partielle. Aucune méta-analyse n’a été effectuée à cause de la grande variété des méthodologies, des mesures des protéases et des traitements. Les preuves collectives indiquent une totale incertitude quant à l’association entre l’activité des protéases et la guérison des ulcères veineux de jambe.
Si l’activité des protéases se révèle être associée de façon indépendante au retard dans la guérison, et si les thérapies existantes ou futures se révèlent être efficaces dans les plaies avec des niveaux élevés de protéases, cela pourrait en partie constituer une approche médicale personnalisée pour le soin des plaies et, par conséquent, les protéases pourraient être très précieuses. Il existe encore un certain potentiel pour la médecine personnalisée, mais selon le Dr. Westby, la base de preuve actuelle ne suffit pas à soutenir cette approche.
La compression fonctionne, mais il existe de nombreuses incertitudes quant à l’efficacité des pansements en général et des pansements PM en particulier. Les chercheurs ne disposent pas d’informations suffisantes sur les mécanismes de base qui induisent un retard dans la guérison, et les protéases pourraient être les seules, parmi les nombreux biomarqueurs impliqués, à pouvoir être modifiés en utilisant des thérapies ciblées. Les stratégies thérapeutiques qui en découlent peuvent varier d’une personne à l’autre.
Il existe un intérêt croissant dans l’exploration des biomarqueurs qui, si présents en quantités anormales, peuvent faire l’objet d’un traitement ciblé pour améliorer les résultats. Les études pronostiques des biomarqueurs sont une nouveauté dans le domaine du soin des plaies et, selon le Dr. Westby, elles pourraient permettre d’investiguer sur les mécanismes et les voies à suivre pour améliorer davantage notre compréhension du retard dans la guérison, suite à quoi il serait possible de conduire des recherches sur les thérapies ciblées afin de les développer et d’en améliorer les résultats.
Une recherche très limitée estime que l’activité des protéases est associée au retard dans la guérison. Bien que l’incertitude puisse être frustrante dans les prises de décision, il est important d’en prendre conscience et d’en tenir compte. La recherche se poursuit et le Dr Westby espère qu’elle mènera à des approches futures enthousiasmantes dans le domaine du soin des plaies. Selon elle, les thérapies par modulation des protéases pourraient être une bonne option à l’avenir, mais les cliniciens devraient prendre des décisions thérapeutiques sur la base des preuves actuelles et considérer les résultats des récentes études à interventions multiples, le point de vue des patients, les coûts et autres informations relatives aux résultats.
Source : Dermatology Time; Role of protease targets in wound healing uncertain; Ilya Petrou; Nov. 14 2018