Selon les estimations, les souches bactériennes résistantes aux antibiotiques – aussi appelées super bactéries – causeront plus de morts en 2050 que le cancer.
Des chercheurs en biomédecine et chimie de l’Université d’État du Colorado travaillent sur la façon d’altérer ces super bactéries et leurs mécanismes d’invasion, les empêchant de former ces matrices adhésives, appelées biofilms, sans faire appel aux antibiotiques.
Les chercheurs du laboratoire de Melissa Reynolds, directrice de recherche en chimie, et l’École d’ingénierie biomédicale ont créé un nouveau matériau à même d’empêcher à la virulente super bactérie Pseudomonas aeruginosa de former un biofilm. Ce matériau, décrit dans la revue Advanced Functional Materials, pourrait constituer la base d’un nouveau genre de revêtement antibactérien capable de prévenir les infections sans avoir nécessairement recours aux antibiotiques.
Ces super bactéries sont néfastes et possèdent un très haut niveau d’adaptation. De plus, une fois qu’elles se sont fixées à une surface et qu’elles ont formé un biofilm, il est extrêmement difficile de s’en débarrasser car elles résistent aux médicaments les plus courants.
Chez les patients atteints de fibrose kystique, par exemple, des hordes de Pseudomonas aeruginosa forment sur les cellules endothéliales des poumons du patient une pellicule visqueuse que même les médicaments ne parviennent pas à neutraliser. Dans le cas d’une plaie, le biofilm bactérien peut provoquer une infection qui entrave le processus de cicatrisation.
L’équipe de recherche conçoit des dispositifs et des matériaux biocompatibles capables de résister aux infections sans être rejetés par l’organisme. Ils sont parvenus à concevoir un matériau qui empêchent au film bactérien de se former. Les tests de laboratoire démontrent une réduction de 85 % de l’adhérence du biofilm Pseudomonas aeruginosa. De plus, cette membrane peut être réutilisée, ce qui prouve que ses propriétés antibactériennes sont inhérentes au matériau et que son efficacité ne s’estompera pas en milieu hospitalier.
Il s’agit d’un réseau métallo-organique à base de cuivre, stable en milieu aqueux, déjà utilisé dans d’autres applications antimicrobiennes. On y intègre une matrice de chitosane (dérivant de la chitine, un composant de la carapace des crustacés) déjà amplement utilisée dans des pansements et des agents hémostatiques.
Ce nouveau biomatériau pourrait servir de base à la conception de nouveaux revêtements antibactériens, par exemple un pansement pour le soin des plaies avec une matrice de chitosane à la place de la gaze.
Source : Science Daily, Bacterial biofilms, begone, August 1 2017.