Des chercheurs de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) ont développé une semelle équipée de valves gérant électroniquement la pression exercée sous la voute plantaire. Le but est de soulager les ulcères caractéristiques de la maladie et de leur permettre de cicatriser pour éviter de dangereuses surinfections.
Le diabète peut engendrer de dangereuses complications, menant encore trop souvent à l’amputation du pied, voire au décès. Pour éviter de telles issues, une équipe de chercheurs de l’EPFL travaille en collaboration avec les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) sur la réalisation d’une chaussure «intelligente». Grâce à une technologie d’actionneurs gérant électroniquement la souplesse de la semelle, l’objet permettrait d’endiguer l’apparition - et surtout l’aggravation - d’ulcères plantaires typiques de cette maladie. Un premier prototype vient tout juste d’être terminé.
Chaque année en Europe, 250'000 personnes diabétiques subissent une amputation de la jambe, qui est suivie d’une mortalité de 30% à 30 jours et de 50% après une année. La grande majorité de ces interventions a pour origine le développement d’ulcères plantaires. Dues à des problèmes de vascularisation et d’excès de pression, ces plaies s’aggravent d’autant plus facilement qu’elles ne sont pas douloureuses. De nombreux patients n’en perçoivent pas la gravité et continuent à marcher normalement, empêchant les plaies de guérir. Ils ne consultent alors que lorsque la perforation a atteint l’os et que le risque de surinfection, puis de gangrène, est élevé.
Contrôler la viscosité
Pour les médecins, le défi est triple. Il s’agit de pouvoir décharger les ulcérations de toute pression dès leur apparition, pendant un temps suffisamment long pour qu’elles puissent pleinement cicatriser, et s’adapter à l’évolution de ces blessures, qui peuvent rapidement réapparaître en des endroits différents de la voûte plantaire.
Pour le relever, les chercheurs du Laboratoire d’actionneurs intégrés (LAI) de l’EPFL, à Neuchâtel, ont eu une bonne idée: tapisser la semelle d’une chaussure d’une cinquantaine de petites valves électromagnétiques remplies d’une matière magnétorhéologique. «Il s’agit d’une substance composée de micro particules de fer en suspension, dont on peut contrôler la viscosité, explique Yves Perriard, directeur du LAI. En lui appliquant un champ électrique, les particules réagissent immédiatement et s’alignent, faisant passer la matière en quelques fractions de seconde de l’état liquide à un état rigide".
On peut ainsi créer des zones différenciées où la semelle sera plus ou moins souple, ménageant les endroits sensibles ou blessés. Le système devrait permettre non seulement de guérir les plaies plus rapidement, mais également d’éviter l’apparition de nouveaux ulcères.
Moins de contraintes
Cette invention présente différents avantages, dont celui de minimiser au maximum les désagréments quotidiens pour le patient n’est pas des moindres. «Il existe bien actuellement des solutions, telles que plâtres ou semelles de décharge, relève Zoltan Pataky, médecin interniste aux HUG et initiateur du projet. Mais comme elles sont contraignantes et demandent des adaptations constantes, les patients sont souvent réticents à les adopter et les médecins hésitent donc à les prescrire. L’avantage de cette chaussure serait donc non seulement de soulager la voûte plantaire là où il faut, mais aussi de permettre ensuite une adaptation immédiate de la pression en fonction de l’évolution des plaies. ». Le laboratoire cherche maintenant des partenaires industriels pour développer le projet.
Source : Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne - Actualité Médiacom