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Cicatrisation : séquencer le génome des plaies pour des soins personnalisés

Bien que la cicatrisation des plaies soit « à l’étude » depuis des décennies, ses mécanismes moléculaires ne sont pas clairs et la plupart des connaissances, au niveau moléculaire, sont issus d’études sur l’animal. Aujourd’hui de nouvelles techniques de séquençage de l’ADN permettent de mieux comprendre, à partir de l’analyse du génome des cellules, notamment de peau, l’expression des gènes et leurs modifications, au cours d’un traumatisme ou durant le développement des lésions, et durant le processus de cicatrisation. Ainsi ces méthodes qui ne nécessitent qu’une toute petite quantité de peau du patient, permettent d'étudier, au niveau moléculaire, la génétique de la cicatrisation des plaies chez les humains. Cet article de recherche nous propose un point sur cette biologie moléculaire de la cicatrisation.

Les auteurs de l’Université d’Helsinki rappellent ainsi plusieurs études précisant le rôle de gènes spécifiques dans différents types de plaies, chez l’animal, quelques-unes aussi menées sur l'expression des gènes dans la cicatrisation des plaies humaines. Quelques données précieuses ont ainsi été réunies,

  • Sur les greffes de peau par exemple, une étude révèle la régulation positive ou négative de l’expression de grappes entières de gènes dans des fibroblastes et des kératinocytes cultivés pour la greffe. Plusieurs catégories de gènes semblent ainsi surexprimées dans les substituts de peau en culture vs peau native, y compris les gènes associés à la prolifération ou à l’activation des kératinocytes. Ce qui peut expliquer certaines complications ou rejets.
  • Sur les différences de cicatrisation, une autre étude contribue à expliquer pourquoi les plaies de la muqueuse buccale guérissent plus rapidement et avec une formation de cicatrice réduite par rapport aux plaies cutanées. A partir de biopsies de plaies de muqueuses et de peau, les chercheurs identifient des différences importantes de transcriptome (ou d'ensemble d’ARNm) qui contribuent à expliquer les différences de cicatrisation aux 2 sites.
  • En cas de brûlure, les profils d'expression des gènes de la peau humaine lésée thermiquement ont été étudiés, à partir de prélèvement effectués chez 45 patients touchés vs contrôles. Là encore l’étude identifie plusieurs centaines de gènes dont l’expression est modifiée avec la brulûre : ces gènes codent pour de nombreuses protéines liant le calcium, les cytokératines et les chemokines et ont donc un rôle clé dans le chimiotactisme des cellules et donc la cicatrisation.
  • Dans les plaies cutanées chez des patients atteints de carcinome basocellulaire, une autre étude montre les changements d’expression des gènes, entraînant une activation de protéines pro-inflammatoires dont le rôle est d’alerter et de déclencher la défense de l’hôte.

Ce ne sont que quelques exemples, mais il y aurait beaucoup à apprendre de l’identification de listes des gènes dont l’expression varie, durant la cicatrisation, pour le développement de nouvelles applications thérapeutiques.

A chaque stade de la cicatrisation, des expressions génétiques spécifiques :

Ici, les chercheurs d’Helsinki ont effectué une étude approfondie sur la cicatrisation normale de la plaie humaine au fil du temps et ont cartographié les changements d'expression des gènes au cours des différentes étapes. Des biopsies ont été recueillies au fil du temps pour représenter les différentes étapes du processus de guérison. La première biopsie concernait de la peau intacte, et les biopsies suivantes, respectivement, de la blessure à la phase aiguë, puis aux phases post-opératoires aux 3e, 7e, 14e et 21e jours postopératoires. L’objectif était de déterminer comment les différents soins de plaie seraient reflétés en termes de changements d'expression des gènes. Les chercheurs ont également étudié ces changements d’expression durant la thérapie par pression négative (TPN). Leurs données révèlent la participation de milliers de gènes au cours des 3 premières semaines de cicatrisation mais, surtout identifient les gènes ou les groupes de gènes dominants au cours de la cicatrisation.

Une recherche donc extrêmement complexe et minutieuse, en termes de collecte, de manipulation, de stockage et de séquençage.

Le chirurgien prélève doit aussi prendre en compte l’emplacement du prélèvement sur la plaie car le choix du site affecte aussi les résultats. Le prélèvement doit donc être effectué sur un site précis et constant. Bref, toute une technique et une base de connaissances restent à développer avant que les plaies livrent tous leurs secrets sur le plan moléculaire et que l’on puisse parvenir, comme pour d’autres pathologies, à un soin de précision ou personnalisé, non seulement en fonction des caractéristiques génétiques de la plaie mais aussi de celles du patient.

Source: Advances in Wound Care doi: 10.1089/wound.2013.0502 Human Wound-Healing Research: Issues and Perspectives for Studies Using Wide-Scale Analytic Platforms

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