Parmi les principales complications des brulures sévères, le sepsis est une des plus graves. Une infection systémique se produit chez près d’un grand brûlé sur trois dans les 6 jours qui suivent l’accident. Une équipe de l’Université de Birmingham vient de développer un nouveau test qui pourra, en détectant ce risque de septicémie, sauver la vie de grands brûlés. Ce test, à effectuer le jour-même de la brûlure, présenté dans les Annals of Surgery, repose sur l’analyse de 3 biomarqueurs de la fonction des neutrophiles. Il se montre efficace pour déterminer quels patients brûlés risquent le choc septique.
Le sepsis constitue la principale cause de décès chez les personnes souffrant de brûlures sévères. Elle résulte de la diffusion de certains agents pathogènes présents dans l'organisme, de leur forte capacité à se multiplier dans les exsudats. Ainsi, la composition des exsudats influence fortement le processus de cicatrisation des plaies et brûlures. Ces bactéries en mesure de croître au sein des exsudats de plaies de brûlures vont surexprimer des facteurs de virulence qui vont réduire les défenses immunitaires spécifiques et favoriser la dégradation des tissus environnants. Ainsi, les brûlures sévères se traduisent par deux réponses : un syndrome de réponse inflammatoire systémique (SIRS) et une fonction immunitaire réduite, qui peuvent mener au développement du sepsis.
Ces travaux non seulement identifient les bases d’un test de détection du sepsis mais également la dysfonction spécifique des neutrophiles qui pourrait être une cible thérapeutique prometteuse pour réduire la sensibilité des patients brûlés aux infections bactériennes et à la septicémie. L’auteur principal, le Dr Naiem Moiemen, consultant en brûlures et chirurgie plastique à l'hôpital de Birmingham explique que le test permet d’identifier avec une précision de 98,6% les infections systémiques, qui se produisent chez 30% des grands brûlés dans les 6 jours qui suivent l’accident. Le test va permettre aux cliniciens de stratifier la prise en charge des patients grands brûlés et d'améliorer leurs résultats.
Diagnostiquer plus vite : un retard dans le diagnostic de sepsis de seulement quelques heures conduit à une augmentation rapide du risque de décès. L'administration d'antibiotiques dans les 3 heures après la détection de la septicémie est recommandée, mais à condition de la confirmation par analyse de sang. Cependant, la majorité des études cliniques rapportent des cultures négatives chez 40% des patients atteints de sepsis sévère. C’est pourquoi l'identification de nouveaux biomarqueurs précis est cruciale. Un défi clinique majeur d’autant que les biomarqueurs diagnostiques classiques peuvent être masqués par le syndrome de réponse inflammatoire systémique.
De nouveaux biomarqueurs sont ici identifiés via l’analyse de la fonction des neutrophiles et la production de pièges extracellulaires neutrophiles. Les neutrophiles, protection de première ligne contre la diffusion rapide des infections bactériennes et fongiques, exercent différentes fonctions antimicrobiennes dont la phagocytose, la génération d'intermédiaires intracellulaires toxiques et la production de pièges extracellulaires. Les chercheurs ont évalué ces biomarqueurs chez 63 patients grands brûlés (à 39%) recrutés dans les 24 heures de leur blessure. La combinaison de plusieurs de ces biomarqueurs « des neutrophiles », a permis d’identifier quasiment 100% des patients ayant développé un sepsis.
L'équipe va maintenant réaliser un essai chez un plus grand nombre de patients pour voir si l'utilisation de ce nouveau test aidera à réduire l'incidence du sepsis avec une « mise » sous antibiotiques plus rapide.
Source : Annals of Surgery May 26, 2016 doi: 10.1097/SLA.0000000000001807 Neutrophil Dysfunction, Immature Granulocytes, and Cell-free DNA are Early Biomarkers of Sepsis in Burn-injured Patients: A Prospective Observational Cohort Study
Copyright © 2016 AlliedhealtH www.santelog.com